École Espagnole du début du XVIIIe siècle
Huile sur toile
Toile : H. 65 ; 49,5 cm
Avec Cadre : 78,5 ; 65 cm
La Vierge lisant, ou Madonna Leggente, est un thème iconographique religieux populaire, que l’on retrouve fréquemment dans les représentations artistiques dès l’époque paléochrétienne. Il connaît un essor important dans la peinture européenne à partir du XIVe siècle, notamment en Espagne, où le culte de la Vierge est très important.
L’œuvre capture le moment précédant l’arrivée de l’archange Gabriel, le messager de l’Annonciation. Il vient trouver Marie, pour lui signifier la naissance prochaine de son fils, le Christ, la surprenant alors en pleine lecture.
Si l’épisode est souvent représenté en présence de l’archange, dans des décors d’intérieurs détaillés, avec le livre posé sur un lutrin, nous assistons ici à une scène plus intimiste qui baigne dans une atmosphère poignante de recueillement. L’arrière-plan sobre et sombre, permet au spectateur de se concentrer sur la seule figure de Marie et de mieux ressentir les émotions que dégage le personnage. Ce format indique que le tableau a été conçu comme un objet de dévotion personnelle.
Marie est vue à mi-corps, un voile couvrant sa tête et tombant délicatement sur son buste, la tête ceinte d’une auréole. Elle est vêtue de la traditionnelle tunique rouge, qui évoque la passion du Christ et qui souligne son lien avec le monde terrestre. Elle porte un manteau bleu, couleur céleste de la divinité. Il est décoré d’une étoile sur l’épaule droite, symbole syriaque de la virginité et référence à son prénom, Stella Maris, l’un des titres les plus anciens donné à la Vierge.
Son visage, empreint d’une grande douceur et de calme, est penché sur un ouvrage, probablement un livre d’heures, qui monopolise toute son attention. Cette activité intellectuelle, illustre le développement d’une culture humaniste de la femme qui émerge dans la littérature et les traités de dévotion apparaissant autour de 1400. Le livre devient, ainsi, un élément essentiel de son iconographie. On la représentait également s’initiant à la lecture avec sa mère, Sainte-Anne, dans un épisode de son enfance, L’éducation de la Vierge.
L’iconographie de notre tableau, dans lequel Marie est représentée de trois-quarts, la tête penchée et tournée vers la gauche, s’inspire d’une tradition qui apparaît simultanément dans les Flandres et en Italie dès le XVe siècle, (voir, par exemple, le panneau avec la Vierge en lecture du retable de Gand par Jan van Eyck), et qui connaît une forte popularité en Espagne et dans les colonies sud-américaines jusqu’au XVIIe siècle. Ce modèle iconographique est particulièrement repris dans des tableaux dépeignant des Vierges lisant ou allaitantes, sous le nom de Virgen de leche en Espagne et Virgen de Belén en Amérique.
Une ressemblance troublante existe entre notre peinture et la Vierge Marie lisant, conservée à la Thoma Foundation de Dallas, auparavant attribuée à Mateo Pérez de Alesio, et aujourd’hui rendue à l’un de ses suiveurs. L’attitude de Marie, la délicatesse de ses traits, ainsi que la retombée de son voile, sont directement inspirés de cette peinture. Cette dernière est-elle-même à rapprocher de la Virgen de la Leche, par Pérez de Alesio, que l’on peut admirer au Museo de Arte de Lima. On retrouve dans ces représentations, l’influence de Pulzone Scipione, et de sa Vierge à l’enfant conservée à la Galerie Borghese, (dont une copie est conservée au Musée du Prado). Les deux artistes ont pu avoir une influence réciproque sur Alesio a travaillé à ses côtés lors de son séjour à Rome
L’auteur de notre magnifique peinture a très probablement été en contact avec l’œuvre de Mateo Perez de Alesio, directement, ou à travers des copies qui ont pu circuler en Amérique ou en Espagne. Ce dernier, formé en Italie, a en effet poursuivi une brillante carrière à Séville puis à Lima, où son style très apprécié et empreint d’une certaine forme de maniérisme, a fortement laissé sa marque sur la production artistique locale, jusqu’au XVIIIe siècle.
Rapport de condition : Très bon état. Restaurations et rentoilage anciens.
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