L’apothicaire, dit aussi Le chimiste

D’après GABRIEL METSU (Leyde 1629 – 1667), école hollandaise du début du XVIIIe siècle

Huile sur panneau de chêne (non parqueté)
1710 (?)
Toile H. 29,5 ; l. 24 cm
Avec cadre H. 39 ; l. 33,8 cm

Notre peinture est une magnifique et très fidèle réplique d’un des chefs d’œuvre du peintre Gabriel Metsu (1629 – 1667), l’Apothicaire ou le Chimiste, aujourd’hui conservé au Musée du Louvre. 

Gabriel Metsu, artiste phare de la peinture de genre du XVIIe siècle

Peintre « de la manière fine » du siècle d’or hollandais, Gabriel Metsu excelle dans la production de scènes de genre, pour lesquelles il délaisse les sujets religieux, dès les années 1650. Souvent de petit format, ses tableaux sont très appréciés pour la décoration des intérieurs bourgeois.

Peu d’informations subsistent à propos de l’apprentissage du jeune peintre.  C’est probablement auprès d’un des plus éminents peintres de la ville, Gérard Dou (1613-1675), qu’il s’initie à la peinture. On ressent également dans son style l’influence d’autres peintres, tels qu’Anthonie Claesz de Grebber, Nicolaus Knupfer, de l’école d’Utrecht, et le grand Johannes Vermeer, à qui certaines de ses toiles ont été attribuées.  

L’influence de Dou est palpable dans les premières scènes de genre que Metsu commence à peindre après son arrivée à Amsterdam, notamment dans la reprise du motif récurrent de la fenêtre cintrée en pierre, qu’on retrouve dans notre tableau.

Une scène de la vie quotidienne du XVIIe siècle

La fenêtre encadre un apothicaire, ancêtre de notre pharmacien, paisiblement assis, un journal sur les genoux. Il a le regard rêveur, et semble perdu dans ses pensées.

Sur le rebord de la fenêtre devant lui, se trouvent un encrier, une feuille de papier, un pot de pommade en faïence et un mortier. Une fiole contenant un liquide brun est suspendue à droite, sur l’encadrement de la fenêtre. Du côté opposé, est accrochée une affiche encadrée, sur laquelle on distingue un portrait d’homme tenant une cruche. Dans le texte, partiellement indéchiffrable, on distingue « 1710 ». La niche est encadrée de feuilles de lierre qui tombent en cascade.

Derrière l’homme, on distingue une bibliothèque avec quelques ouvrages, et sur le dessus, un globe ainsi qu’un encrier.

Le tableau dégage une atmosphère calme et poétique, qui nous plonge dans l’ambiance de la vie quotidienne des Pays-Bas du milieu du XVIIe siècle.

Une peinture avec une riche histoire

Si chaque détail a été fidèlement reproduit d’après l’original, on constate une différence au niveau de la coloration des feuilles de lierre qui encadrent la fenêtre. Les nôtres conservent encore une teinte verte, très légèrement bleuie, alors que celles du tableau du Louvre sont complétement bleutées. Cela s’explique par l’utilisation, dans la version originale, d’une mixture de pigments bleus et de schietgeel, ou stil de grain en français, un pigment jaune qui s’estompe avec le temps et l’exposition à la lumière. Il est ainsi fort probable que le tableau ait été réalisé au début du XVIIIe siècle, d’après l’œuvre originale, au moment où les couleurs de celle-ci étaient encore relativement préservées. L’inscription « 1710 », que l’on distingue sur l’affiche, vient corroborer cette idée.

Le tableau a très certainement été copié avant que l’orignal soit recensé pour la première fois, lors d’une vente à Amsterdam le 14 mai 1749 (Lugt 705).

Au début du XVIIIe siècle, il existe une très forte demande pour les oeuvres (notamment pour les scènes de genre) des grands maîtres du XVIIe siècle, comme Gabriel Metsu , qui sont dorénavant inactifs ou décédés. À leur propre initiative, ou à la demande des collectionneurs dont ils dépendent, de nombreux artistes copient la production de leur prédecesseurs. Ces copies, d’une très grande qualité, sont parfois vendues à prix d’or et confondues avec les oeuvres originales. Parmi ce artistes copistes, nous pouvons citer Jan Mortel (1652-1719), Louis de Moni (1698-1771) et Willem van Mieris (1662-1747).

De nombreux dessins (notamment par Jacobus Buys 1724-1801) et gravures ont été réalisés d’après cette œuvre, témoignant de sa popularité.

Nous remercions Adriaan Waiboer pour son aide dans l’expertise et la datation de cette peinture.

Inscriptions au dos :

– Étiquette « JPL » (?)

– Étiquette « 13 » (Vente du 24 novembre 1975, Hôtel Drouot, Paris, n°13, attribué à Frans van Mieris, illustré)

– « 9 », au crayon

– Trace de cachet de cire

Provenance :

– Probablement vente Chevalier Baget, 14-15 février 1816, Paris, n°59, d’après Metzu, « Un vieillard feuilletant un livre qu’il tient ouvert sur ses genoux. Près de lui, sur l’appui d’une – fenêtre, est un cornet, un mortier de fer et autres accessoires. Fort bonne copie. » 85 F

– Probablement vente Bonneuil, Paris, 8 avril 1816, n°19, d’après Metzu, retiré.

– Vente du 24 novembre 1975, Hôtel Drouot, Paris, n°13, attribué à Frans van Mieris, illustré (étiquette conservée au dos du tableau).

Veuillez nous contacter pour plus d’informations